
Ce mardi 16 septembre, au ministère de l’Environnement, la Société Civile Environnementale a engagé un dialogue franc et constructif avec la Ministre déléguée à l’Environnement et à la Nouvelle Économie du Climat BAHATI TITO Arlette. Menée par Omer KABASELE, Président du Conseil d’administration du Groupe de Travail Climat Redd Rénové (GTCRR), la délégation visait à établir une feuille de route commune, à formuler des engagements clairs et à définir des méthodes d’action précises.
Dès le début, le ton a été donné : les civilités ont rapidement cédé la place à des questions fondamentales. La préparation de la COP30 a été le fil conducteur des discussions, soulevant une interrogation cruciale : comment articuler une voix nationale cohérente dans les négociations internationales tout en préservant les priorités locales ? La position des entités nationales dans le mécanisme du fonds CAFI a été minutieusement examinée, tant pour sécuriser les financements que pour garantir leur impact tangible sur le terrain. Aux côtés d’Omer KABASELE, le Vice-Président du GTCRR, KAPUPU DIWA, et le CAF Ernest SWEDI ont fourni des éclairages techniques, soulignant l’importance d’une approche axée sur la transparence, la redevabilité et l’efficacité des programmes.

Les discussions se sont intensifiées autour du dossier sensible des bois rouges. Huit années de suspension conservatoire n’ont ni réduit la pression ni favorisé la régénération naturelle des forêts de miombo dans le Haut Katanga. Au contraire, cette mesure a ouvert la voie à des pratiques de contournement, aggravant une dégradation diffuse, plus difficile à tracer et à maîtriser. La délégation a plaidé pour un changement de cap : plutôt que de maintenir une suspension inefficace, il est impératif d’inscrire le bois rouge comme espèce strictement protégée à la CITES, d’établir un système de contrôle robuste et d’accompagner les communautés locales avec des alternatives économiques viables. Le message est clair : sans cadre international contraignant, sans gouvernance locale renforcée et sans incitations crédibles, la forêt sera la grande perdante.
Au-delà des constats, des pistes concrètes ont émergé. Il est essentiel de construire une position nationale pour la COP30 basée sur des données ouvertes et des indicateurs vérifiables. La redéfinition du rôle des entités nationales dans l’architecture du CAFI est cruciale pour rapprocher les fonds des réalités communautaires. L’accélération de l’inventaire des espèces menacées et l’harmonisation des normes avec les conventions internationales sont également primordiales. De plus, le déploiement de mécanismes de traçabilité du bois et de patrouilles mixtes, soutenus par des sanctions dissuasives, doit être envisagé. Enfin, replacer les communautés au cœur des solutions, en finançant l’agroforesterie, l’énergie propre et la restauration des paysages, permettra de générer des revenus sans épuiser les forêts.

La rencontre a été perçue non pas comme un aboutissement, mais comme un point de départ. Un second round est prévu la semaine prochaine, avec un objectif clair : transformer le dialogue en plan d’action, établir une alliance de travail entre la société civile et les autorités, et donner à la transition écologique un cap crédible. À une époque où les écosystèmes tropicaux sont en danger et où la planète se réchauffe, ces échanges patients et exigeants tracent une voie vers un compromis ambitieux, vigilant et mesurable, capable de protéger les miombo tout en offrant des perspectives économiques aux communautés qui en dépendent.