
Accueil délirant du Chef de l’État ce lundi 09 juin à Kolwezi.
La capitale minière du Lualaba, vibre d’une effervescence inhabituelle.
Toutes les délégations provinciales y ont pris leurs quartiers généraux.Ministres nationaux, Gouverneurs, Ministres provinciaux en charge de la santé, experts et techniciens se préparent à trois jours d’intenses réflexions. C’est dans cette ville au cœur du cobalt que le Président de la République, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, lance ce mardi 10 juin la 12e Conférence des Gouverneurs, sur un thème central et stratégique : « La santé comme facteur de cohésion sociale et de développement durable des provinces ». Ce sujet, en apparence sobre, cristallise les tensions et espérances d’une nation immense, où les défis sanitaires s’entrelacent avec les fractures structurelles et les plaies sécuritaires encore ouvertes.
La République Démocratique du Congo, vaste de 2,345 millions de km², est un pays riche en diversité culturelle et géographique. Toutefois, cette richesse est souvent éclipsée par des disparités flagrantes. Le secteur de la santé incarne cette dualité saisissante. De nombreuses zones sont dépourvues de centres de santé fonctionnels ; des femmes accouchent à même le sol, et des épidémies sont traitées à la hâte sous des tentes de fortune. Les soignants, souvent mal payés et surchargés, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Pourtant, c’est à travers ce prisme que les autorités souhaitent redessiner une cohésion sociale pérenne.

L’heure est à la recherche de solutions concrètes. Au cours de ces trois jours, les Gouverneurs en dehors de ceux des provinces meurtries comme le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, occupées par les forces Rwandaises débattront des mécanismes à mettre en place pour rapprocher les soins des populations. Un défi immense : 70 % des Congolais n’ont pas accès à des soins de santé décents. Dans de nombreuses provinces, une simple grippe peut devenir un arrêt de mort, faute de structures adaptées. Les inégalités d’accès sont criantes : à Kinshasa, un médecin pour 3 000 habitants, tandis qu’à Tanganyika ou à la Tshuapa, ce ratio peut chuter à un pour 20 000.

Cette initiative présidentielle s’inscrit dans l’esprit de l’Objectif de Développement Durable n°3, qui vise la couverture santé universelle. Mais dans un pays où la dépendance à l’aide extérieure est une constante, comment bâtir une autonomie sanitaire crédible ? La réponse réside, pour plusieurs intervenants, dans la relance des soins de santé primaires : de petites structures de proximité, ancrées dans les communautés, avec un personnel formé, stable, et une participation locale accrue. Cette approche, recommandée par l’OMS, est également inscrite dans la Constitution Congolaise. L’article 204 en fait une compétence propre des provinces.

Cependant, il ne suffit pas de reconnaître cette prérogative pour en faire un levier de changement. À Kolwezi, la parole sera aux actes. Chiffres, diagnostics, propositions de lois, stratégies budgétaires, tout sera mis sur la table. L’enjeu est de sortir du schéma de crise permanente. Il s’agit de passer d’une santé réactionnelle à une santé préventive, structurée et équitable. Les discussions qui se tiendront dans cette ville emblématique pourraient marquer le début d’un nouveau chapitre pour la santé en RDC, avec l’espoir d’un avenir où chaque Congolais aura accès à des soins dignes et adaptés.