j

Une Violation Claire Des Accords de Washington : la Charge Américaine Contre Kigali Sur Fond d’Embrasement à l’Est de la RD Congo

Sous un ciel bas sur Uvira, où les échoppes ont baissé leurs rideaux et les bus poussiéreux filent vers la frontière burundaise, la colère diplomatique est tombée comme un verdict. À Washington, Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, promet des mesures face à ce qu’il qualifie de “violation claire” par le Rwanda des accords parrainés par Donald Trump. À New York, au Conseil de sécurité, l’ambassadeur américain Michael Waltz dénonce, quant à lui, une “marche à rebours” de la paix, l’ombre de Kigali s’allongeant sur le M23, ses lignes logistiques et ses offensives désormais appuyées, selon lui, par des batteries sol‑air, de l’artillerie et des drones suicides.

Dans les ruelles d’Uvira, tombée mercredi 10 décembre, le récit s’écrit autrement : un poste‑frontière verrouillé, une économie saisie, et les murmures inquiets des déplacés qui ont vu Goma en janvier, Bukavu en février, et sentent déjà la prochaine étape comme on perçoit l’orage avant la pluie. “Nous avons des informations crédibles”, martèle Waltz, parlant de 5 000 à 7 000 soldats rwandais engagés début décembre aux côtés de l’AFC/M23, tandis que les colonnes de motos s’agrippent à la RN5, fuyant vers le sud.

Sur le terrain, la géographie devient politique à mesure que l’AFC/M23 étire ses lignes et ses administrations parallèles. Uvira verrouillée, la frontière avec le Burundi (soutien militaire de Kinshasa) se transforme en levier stratégique et en plaie humanitaire. Les convois humanitaires recalculent leurs trajectoires, les radios communautaires balbutient des consignes de survie, et l’État se dissout par pans entiers. À New York, Jean‑Pierre Lacroix, chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, parle d’un “risque d’embrasement” régional, d’une “régionalisation de plus en plus marquée” du conflit qui bouscule l’intégrité territoriale congolaise. Les mots sont pesés, froids, presque techniques : fragmentation progressive, effritement de la présence étatique, basculement des déplacés et des combattants au‑delà des frontières. Sur les hauteurs du Sud‑Kivu, ces termes ont l’âpreté des nuits blanches : les écoles ferment, les marchés changent de monnaie, et les familles comptent les absents à la lueur d’un téléphone déchargé.

Entre Washington et les collines de l’Itombwe, un accord de paix signé “il y a quelques jours seulement” vacille déjà, miné par la reprise des hostilités et l’écart béant entre engagements proclamés et faits accomplis. Rubio promet des réponses, Waltz insiste sur la “sophistication” des moyens engagés par Kigali, et l’ONU avertit : sans mesures concrètes et immédiates, la fenêtre diplomatique se refermera comme une trappe. La diplomatie a ses communiqués, la guerre ses évidences : la ligne de front avance, les civils paient, et la confiance se brise. Dans l’est de la RDC, la paix n’est plus un texte mais une urgence ; et chaque heure qui passe, entre drones qui zèbrent le ciel et routes coupées, rapproche un peu plus la région des Grands Lacs de ce point de bascule que redoutent toutes les chancelleries, et que vivent déjà, en silence, ceux qui n’ont plus d’autre choix que d’attendre.

Ca pourrait aussi vous interesser