
À Kipushi, l’on croyait que les routes neuves et les lampadaires ressuscités suffiraient à faire taire la politique-spectacle. C’était sans compter l’entrée tonitruante de Martin Kazembe, pèlerin de l’ambition et maestro à la parole creuse, qui, de territoire en territoire, soulève plus de poussière qu’il ne récolte de confiance. D’un côté, le drapeau du « ralliement à la vision du Chef de l’État » ; de l’autre, des promesses en kit : le candidat au gouvernorat avance au pas cadencé du populisme.
Dans sa gibecière, deux jeeps — l’une pour la police, l’autre pour la DRHK —, quelques motos destinées aux forces de l’ordre et des sacs de semences érigés en rhétorique de séduction. À Kipushi, il s’essaie même au débauchage de couloir, retournant un cadre de l’ARDEV contre son propre président national, Jacques Kyabula, comme si la loyauté politique se marchandait au kilo. Le procédé est grossier, la mise en scène transparente : on cherche à déstabiliser le titulaire, en consultation à Kinshasa, en exhibant une ferveur empruntée, quand la conviction réelle se mesure à la tenue des résultats, non au volume des haut-parleurs.

Or des résultats, Kipushi n’en manque pas depuis que le « gouverneur bâtisseur », Jacques Kyabula, met en œuvre avec efficience la vision du Chef de l’État, Félix Tshisekedi. L’avenue Luvua, ouverte et praticable ; la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire, enfin opérationnelle ; l’électrification dudit hôpital, une première historique ; l’avenue Mobutu, rendue à la lumière après des décennies d’obscurité ; la police, dotée de motos et de pick-up Hilux ; et un grand marché moderne qui réconcilie commerce et dignité. Voilà des œuvres qui parlent sans mégaphone et n’ont nul besoin d’applaudimètre.
Face à cela, l’itinérance de Kazembe tient d’une tournée d’illusionniste : beaucoup de gestes, peu de substance. On peut brandir le nom de Félix Tshisekedi comme bouclier rhétorique ; encore faut-il en épouser la dynamique de développement, au-delà du slogan. À Kipushi, les citoyens savent reconnaître la main qui bâtit de celle qui brasse de l’air : l’une laisse des fondations ; l’autre, des traces de pneus et des promesses en jachère.
