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Province en Pilotage Fantôme : Quand l’Intérim Devient Doctrine de l’Impuissance Dans le Haut Katanga

« Gouverner en Apnée: KAZEMBE, Grand Maître du Laisser-Faire et Petit Bras de l’État »

À force de jouer le gouverneur par intérim comme on joue les figurants dans un soap qui s’étire, Martin KAZEMBE a fini par éteindre la moindre lueur d’autorité publique au Haut-Katanga. L’homme a montré ses limites, pas seulement par maladresse, mais par une inertie devenue doctrine: laisser-faire l’insécurité, laisser-passer la tracasserie, laisser-mourir la confiance. La province ressemble à un navire sans boussole où les percepteurs sauvages sur la route Likasi se déguisent en agents du fisc et où l’État, réduit à une silhouette en carton, sert de paravent à des prédations privées. On brandit le sceau républicain pour racketter les étals et rançonner les camions, on bafoue l’état de droit en le maquillant en « recouvrement » permanent, pendant que les Kuluna s’installent, méthodiques, comme un service urbain de la peur. À Kambove, trois villages respirent des effluves de pollution à grande échelle, CDM Lubumbashi déborde d’effluents et de déni, le groupement Katanga vit l’ arbitraire et pas même un sursaut tardif, ne vient stopper l’hémorragie. 1 200 travailleurs de Shituru Mining Corporation à Likasi vacillent au bord du chômage sous la menace d’individus se réclamant de la famille présidentielle; les prix de denrées alimentaires galopent sur le marché malgré l’ avantage du franc congolais sur le dollar américain et dans un État digne de ce nom, on aurait vu un gouverneur monter au front, rabaisser les prix, sécuriser l’emploi, imposer la loi. Ici, on a vu le vide: la grand-messe de l’impuissance, homélie après homélie, tandis que la population paie la dîme de la peur.

Lubumbashi s’habitue au danger comme à une saison sèche prolongée: le phénomène Kuluna gagne du terrain, les nuits se peuplent de sursauts et les jours de silences prudents. « On ne sent plus l’autorité de l’État », lâche un Lushois, et ce n’est pas une hyperbole mais un constat d’huissier social. Alors, pourquoi Kinshasa s’obstine-t-elle à punir les Haut-Katangais en leur imposant un médiocre, un gestionnaire de l’absence? La question griffe la conscience collective. On peut débattre des mérites et des erreurs de KYABULA, mais quel péché mortel aurait-il commis en appelant à soutenir l’annonce d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda? Dans un contexte où tout vacille, allumer une flamme patriotique n’est pas un crime: c’est un rappel à l’ordre des responsabilités. Qu’on le veuille ou non, gouverner c’est protéger, arbitrer, faire écran entre la rapine et le citoyen, entre la pollution et la rivière, entre l’angoisse et la nuit. Si l’intérim de KAZEMBE n’est qu’un long soupir au bout du souffle, il est temps d’admettre que la province ne peut plus respirer sous respirateur artificiel. Le Haut-Katanga n’a pas besoin d’un intendant des ruines; il réclame un État qui redevienne État, ici et maintenant.

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