
Dans le sillage d’un pouvoir provincial qui confond autorité et arbitraire, le sang d’un jeune du village Katanga a coulé pour prix d’une investiture coutumière imposée comme on impose un arrêté Provincial, sans mémoire ni respect des lignages. On ne trifouille pas impunément la généalogie d’un peuple: ici, un gouverneur ad interim, Martin KAZEMBE, a cru pouvoir substituer aux us et coutumes un chef parachuté, hors lignée, hors consensus, hors droit symbolique indiquent plusieurs sources locales de la société civile. C’est l’ADN social d’un groupement que l’on a ainsi tenté de falsifier, en piétinant un chef déjà reconnu par la communauté selon la procédure ancestrale. La réponse était prévisible: l’indignation a pris la rue. Mais l’État n’a pas dialogué; il a déployé. À la convergence des boucliers et des matraques est venu le coup de feu, réel, froid, terminal. Un jeune s’est effondré sous les balles, vers dix-huit heures; un citoyen de trop tombé sur l’autel de l’ingérence du pouvoir Provincial intérimaire. Et comme pour prolonger l’humiliation, le corps est resté au sol plus de vingt-quatre heures, livré aux poussières et au regard, preuve muette d’un pouvoir qui ne sait ni écouter, ni répondre, ni même enterrer dignement ses fautes.
Ce silence officiel , ni le Gouvernorat, ni la Police nationale congolaise n’ont jugé bon de s’expliquer — n’est pas une absence de parole, c’est une politique. Il couvre une dérive: celle d’un État qui se donne le droit de remodeler les chefferies comme on remanie un cabinet, et d’appeler ensuite la police pour cimenter l’injustice. Investir un “chef” hors succession, c’est voler un nom, désosser la mémoire, installer la discorde comme méthode de gouvernement. Tirer sur des protestataires, c’est faire de l’ordre public un fusil pointé contre le public. L’on ne répare pas une communauté avec la peur; l’on ne gouverne pas un terroir avec des bottes. La vérité, ici, est simple et brutale: un jeune est mort parce que des autorités ont confondu la force avec la légitimité. La justice exigée n’est pas un communiqué tardif, ni une table ronde cosmétique: c’est l’annulation pure et simple de l’investiture imposée, une enquête pénale indépendante sur la chaîne de commandement, la suspension des responsables, la restitution du respect dû aux coutumes, et un deuil accompagné par l’État, qui doit enfin répondre aux vivants et au mort qui, depuis la poussière, nous rappelle que le premier territoire à protéger s’appelle dignité.
