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La Gécamines dans la Tourmente de la Gestion Financière : Des Mesures de Redressement s’Imposent

La Générale des Carrières et des Mines (Gécamines), jadis fleuron de l’économie Congolaise, traverse une tourmente financière et éthique sans précédent. Les récentes investigations de l’Inspection Générale des Finances (IGF) ont révélé des détournements présumés de fonds dépassant 10 millions de dollars entre octobre et décembre 2022. Ces révélations ont provoqué une onde de choc à travers le Pays, soulevant des questions cruciales sur la gouvernance et la transparence au sein des entreprises publiques.

À Lubumbashi, des mouvements citoyens tels que Lutte pour le Changement (Lucha) et Filimbi ont réagi rapidement, organisant des manifestations pour exiger des enquêtes approfondies et des sanctions contre les responsables. La colère des employés de la Gécamines traduit une frustration grandissante face à une élite perçue comme s’enrichissant sur le dos d’une population majoritairement touchée par la pauvreté.

En réponse aux accusations, la Direction de la Gécamines a vigoureusement nié toute malversation, affirmant que les sommes en question correspondaient à des primes légitimes liées à la récupération de 211 millions de dollars de dividendes de Glencore. Cependant, cette défense n’a pas convaincu les élus du Grand-Katanga, qui ont exigé la suspension temporaire des dirigeants visés en attendant les conclusions judiciaires. À ce jour, aucune mesure de suspension n’a été prise.

La situation s’est aggravée avec un rapport accablant de la Cour des comptes, accusant plusieurs hauts responsables, dont l’ancien président du Conseil d’administration, de détournements excédant 25 millions de dollars. Ces révélations ont mené à l’émission de mandats d’arrêt internationaux et à l’ouverture d’enquêtes judiciaires, marquant une étape cruciale dans la lutte contre la corruption qui gangrène le Pays.

Ce scandale met en lumière les défis persistants de gouvernance et de transparence au sein des entreprises publiques Congolaises. La Gécamines, autrefois pilier de la richesse nationale, est désormais perçue comme un symbole des dysfonctionnements systémiques qui érodent la confiance des citoyens. Pour restaurer cette crédibilité et regagner la confiance du peuple, des réformes structurelles s’imposent. Une gestion rigoureuse et une volonté politique forte sont essentielles pour éradiquer les pratiques corruptives et redonner à la Gécamines son rôle de moteur économique.

Par ailleurs, la Gécamines fait face à un déficit de 120 millions de dollars envers la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour les pensions de ses travailleurs retraités. Cette situation exacerbe les tensions sociales et souligne l’urgence d’une refonte complète de la gestion financière de l’entreprise.

Des voix s’élèvent pour proposer des solutions concrètes. L’organisation Justicia Asbl suggère une révision statutaire et légale de la Gécamines, envisageant un désengagement progressif de l’État et la levée de fonds via des bons du Trésor. Elle recommande également une relocalisation des activités d’exploitation et le recours à une expertise internationale pour superviser la transition vers un modèle d’exploitation plus moderne et efficace.

Le Président Félix TSHISEKEDI a exprimé son soutien au redressement de la Gécamines, soulignant l’importance de la modernisation et de l’acquisition de nouvelles unités de production. Il a aussi insisté sur l’application du nouveau Code minier et de la Loi sur la sous-traitance pour donner aux Congolais la possibilité d’accroître et d’exploiter leur potentiel économique.

La crise actuelle à la Gécamines est révélatrice des maux profonds qui affectent les entreprises publiques en République Démocratique du Congo. Elle représente également une opportunité unique de repenser et de réformer ces structures pour qu’elles servent véritablement les intérêts de la Nation et de ses Citoyens.

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